La Liberté   29 mai 2013

"Je ne suis pas un artiste"

Morat  Première exposition personnelle pour Pyt Rumo.

Le spécialiste de l'image montre une vie de dessins et de photographies de 1968 à 2013.

Monique DURUSSEL

   Tout jeune retraité, Pyt Rumo, né Jean-Pierre en 1948 à Fribourg, montre enfin ses créations à la galerie Harteveld ART+ à Morat. Il refuse cependant toujours d'être qualifié d'artiste et s'en explique. Si le petit garçon dessinait beaucoup sur des papiers fournis par la fabrique de cartonnage où son père travaillait, s'il aimait les odeurs d'encre des imprimantes de cette entreprise et s'il rêvait d'être un artiste, c'est sa rencontre en 1972 avec Jean Tinguely qui l'en détourna.

Une absence de liberté

   "J'avais de la facilité pour dessiner et créer des objets. D'ailleurs j'ai fait une fomation de graphiste à l'Ecole des arts appliqués de Bâle. La fréquentation du milieu artistique m'a fait réfléchir à la condition d'artiste. Une absence de liberté évidente qui les oblige à créer. Je n'ai jamais eu envie de cette contrainte. Je voulais au contraire créer en toute liberté, quand l'envie me venait", dit Pyt Rumo.

   Il a travaillé dans le graphisme, la photo et le design. Durant de longues années, il est preneur de son et caméraman indépendant pour la TSR. "Des années au cours desquelles j'ai continuer à dessiner, à photographier, à créer. Lors de mes séjours à Stromboli, en Californie, en Andalousie, au Maroc, en Turquie, en Argentine ou à Cuba, je me suis nourri des atmosphères particulières des lieux. J'ai

fait des photographies pour mon plaisir", ajoute Pyt Rumo.

L'art aime l'incognito

   "En fait, je ne suis pas un artiste, mais j'ai plaisir de réaliser cette exposition et cette publication sur mes travaux", dit Pyt Rumo qui propose en souscription un catalogue de cette rétrospective.

   D'ailleurs, en ouverture de son catalogue, il cite Jean Dubuffet avec un texte qui colle parfaitement à sa personnalité: "L'art ne vient pas coucher dans les lits qu'on a faits pour lui; il se sauve aussitôt qu'on prononce son nom; ce qu'il aime c'est l'incognito..." Puis il raconte, en quelques lignes, l'enfance et la place du dessin dans sa vie.

Des images sensibles

   A la galerie Harteveld, Pyt Rumo montre des dessins et maquettes de voitures de 1968. Des series de photos qui racontent, à la manière de la BD, des ambiances hors du temps dans un chaos de cageots en

1970, au Billingsgate Fishmarket à Londres, les traces d'éruptions du

Stromboli en 1971, les déchets et la féraille de la vallée du Gottéron en 1972 et des series de voitures dans les rues de Cuba en 2003 et en 2011.

   Il y a dans ses cadrages un sens esthétique et poétique évident. C'est pareil lorsqu'il photographie ses amis et ses proches comme Miriam Tinguely, Jacques Sidler ou Jacques Bulliard. Des clichés des années septante.. Dans ses dessins, la moto revient également fréquemment avec des lignes aériennes et des silhouettes féminines sensuelles. "C'était un de mes classiques, mais plus maintenant!", lâche Pyt Rumo.